# Plus2Ski
Le 27 Janvier 2016

Maëlle Froissart : une passion, un challenge : le télémark

Née dans la Drôme en 1997, Maëlle est venue s’installer à Vars avec sa famille à l’âge de 4 ans. Depuis 2 ans, elle fait partie de l’équipe de France Junior de télémark et a été sélectionnée pour rentrer en équipe A pour cette saison.

Comment t’est venue la passion du télémark?

J’ai découvert le télémark à 10 ans grâce à l’association Alpes Sud Télémark de Vars. J’étais alors dans un club de ski alpin et pendant une saison, j’ai pratiqué les 2 disciplines. J’ai commencé à courir sur le circuit Coupe de France de Télémark et j’ai été emballée tant par la discipline que par l’ambiance qui y règnait. J’ai donc choisi, sans hésitation, de continuer dans le télémark. Le challenge y est plus important qu’en ski alpin. D’une part, la technique est plus pointue, elle demande beaucoup d’équilibre, les talons étant détachés. C’est pour moi la discipline « reine » puisqu’on retrouve en compétition les caractéristiques de toutes les autres disciplines. Un parcours est formé d’une partie en géant comme en alpin, d’un saut où l’on doit franchir une distance minimum, d’un loom, de virage relevé à 360° comme on peut trouver en ski cross et d’une partie en skating qui représente environ 30 % du temps de course. C’est donc une discipline extrêmement exigeante physiquement et très complète.
D’autre part, c’est la seule discipline où la technique est notée. Il y a des règles strictes sur la position qui doit être adoptée au passage des portes, dans les transitions entre les portes, sur la position à la réception du saut et il faut non seulement être le plus rapide, mais aussi avoir le geste sûr puisque chaque faute de style entraîne l’ajout d’une seconde au chrono. 

Qu’est-ce qui te plaît dans la compétition ?

D’abord le dépassement de soi, arriver à repousser ses limites toujours plus loin, se fixer des objectifs et les atteindre. Ensuite, passer devant les autres, c’est l’objectif d’un athlète qui veut gagner ! Il y a aussi la montée d’adrénaline avant la course et arriver à mettre en pratique le travail fourni aux entraînements.

Combien de temps consacres-tu à l’entraînement ?

Jusqu’à l’hiver dernier, cela était assez irrégulier, il n’y a quasiment aucun moyen dédié au télémark par la FFS, alors chaque coureur se débrouille comme il peut. Puis, j’ai rencontré Romain Pizzato et sa structure RSR, association privée qui entraîne les jeunes en alpin à haut niveau. Il a su analyser mes besoins et adapter ses compétences. Depuis le début de l’été, il m’a prise en charge alternant des stages sur les skis (de 10 à 20 jours / mois) et des périodes de foncier à la maison (course à pied, vélo, parcours training pour travailler l’explosivité, la proprioception). Ainsi, j’attaque cette saison bien préparée. Je consacre donc l’essentiel de mon temps à l’entraînement.

Quel est ton palmarès ?

Depuis 2011, j’ai accumulé 10 titres de Championne de France. J’ai remporté 2 fois la Coupe de France jeunes (- de 16 ans) et 1 fois la Coupe de France adultes (+ de 16 ans). J’ai obtenu 4 médailles de bronze aux Championnats du Monde Juniors (16 / 21 ans), fait plusieurs Top 5 et mon premier podium en Coupe du Monde l’an dernier (+ de 21 ans).

Quel est ton meilleur souvenir ?

J’en retiendrais au moins 3 : ma sélection pour faire l’ouverture de la Coupe du Monde de Télémark à 15 ans, un podium 100 % français aux Championnats du Monde aux USA l’an dernier avec mes 2 coéquipières et mon 1er podium en Coupe du Monde l’an dernier en Suisse.

Qu’est-ce qui est le plus difficile ?

Le fait de ne pas avoir de moyens attribués par la FFS. Je suis obligée de passer beaucoup de temps à chercher des financements et effectuer des petits boulots, ne sachant pas si je pourrais payer mes déplacements et mes inscriptions en Coupe du Monde.
Lorsque l’on veut s’entraîner de façon professionnelle, une saison coûte environ 25 000 €. Somme difficile à trouver et sans Romain Pizzato, mon coach, je n’y arriverai pas !

L’autre point difficile, est que la discipline n’est pas reconnue par la FFS, comme discipline de haut niveau, les athlètes n’ont donc aucun statut.

Quels sont tes objectifs pour cette saison d’hiver ?

Je termine les 1ères Coupes du Monde, 1ère française en Sprint, bien qu’étant la plus jeune de l’équipe A, donc, en terme de résultats, je voudrais conserver ce classement. Sinon, je vise l’argent ou l’or aux Championnats du Monde Juniors (16 / 21 ans) et des podiums en Coupe du Monde (+ de 21 ans).

Pour le reste, c’est avancer dans ma formation au DE alpin et trouver des solutions un peu plus pérennes pour continuer à m’entraîner de façon professionnelle.

Quel est ton projet à long terme ?

Mon souhait est de devenir entraîneur. Je rêve de pouvoir transmettre ma passion aux plus jeunes !

Propos recueillis par Camille Badjily