Le 01 Décembre 2012

Markus,

Mes parents sont arrivés à EMBRUN en 1946, juste après la guerre. Ils habitaient à Pontfrache et possédaient un hôtel. La préfecture a informé mes parents que des prisonniers allemands pouvaient être mis à leur disposition. C’est ainsi que mon père a ramené à la maison un prisonnier allemand, Karl.

Très beau garçon, aux dires de ma mère qui a fait des « ravages » auprès des jeunes embrunaises. Karl aidait mes parents à la plonge, au jardin et s’occupait aussi de mon frère, alors bébé, en le promenant dans un landau, dans la ville d’Embrun.

Mon père, résistant, mon grand-père, poilu de 14-18 qui ne portait pas les allemands dans son cœur et ma mère, tout le monde a succombé au charme de Karl, il faisait partie de la famille !

Puis, Karl a été libéré. Il est reparti dans son pays, en Allemagne où il a fondé une famille.
Quelques années plus tard, il rend visite à mes parents puis plus de nouvelles !


Un beau jour, en 2004, un jeune allemand se présente à la mairie et demande des renseignements sur Monsieur et Madame FAURE qui tenaient l’hôtel Pontfrache. Dominique THIVOT le renseigne et appelle ma mère.

Cette rencontre entre Markus, le fils de Karl et ma mère, je m’en souviens… Un peu comme un coup de foudre entre un jeune homme et une vieille dame, un instant chargé d’émotion comme on en vit peu ! Un retour dans le passé pour elle, et pour lui, une plongée dans la vie de son père. Markus était sur les traces de son père, il ne connaissait que peu de choses sur sa vie et notamment sur les années de guerre dont il ne voulait pas parler. Après le décès de son père, Markus a retrouvé l’adresse de mes parents dans les souvenirs de son père. Il n’a pas hésité à faire le voyage de Berlin à Embrun.

Bien sûr, ils ont parlé de Karl et du passé mais aussi, de leur passion commune pour la musique qui les a rapprochés.

En 2007, Markus nous a rendu une petite visite, il était avec son amie Carmen et nous avons partagé un diner. C’est ainsi que de belles amitiés sont nées en temps de guerre et qu’elles perdurent aujourd’hui.

Rédaction : Dominique FAURE