# Plus2Patrimoine
Le 01 Septembre 2022

Baptiste Vappereau, gestionnaire des collections et archéologue

Le Musée Museum départemental abrite toute une série de collections consacrées à l’archéologie, que pouvons-nous y découvrir ?

Les collections archéologiques du musée proviennent de sources diverses :

  • de découvertes fortuites et de fouilles anciennes comme celles du préfet Ladoucette sur le site de Mons Seleucus (La Bâtie-Montsaléon) au début du 19e siècle, 
  • d’objets collectés de par le monde par des voyageurs et explorateurs Haut-alpins,
  • et de produits de fouilles plus récentes réalisées dans les Hautes-Alpes entre les années 1960 et 1990 et mises en dépôt par l’état (DRAC PACA).
Saint-Laurent-du-Cros – Fragment de statue en bronze découverte en 1960.
Tête de Jupîter Ammon © Musée muséum départemental des Hautes-Alpes

La première loi sur l’encadrement de l’archéologie date de 1941 sous le régime de Vichy et ne sera promulguée qu’en 1945. L’archéologie préventive se structure alors progressivement dans la deuxième partie du XXe siècle jusqu’à la création de l’Inrap en 2002. Aujourd’hui, les fouilles archéologiques sont réalisées par l’Inrap, des collectivités territoriales ou des entreprises privées agréées par le ministère de la culture et tous les vestiges des fouilles sont conservés au dépôt archéologique régional des Milles à Aix-en-Provence. Des échanges peuvent ensuite être faits avec les musées régionaux, comme à Gap, dans le cadre de projets d’exposition. Une grosse partie des collections archéologiques qui ont été données au musée ont été ramenées sans leur contexte de découverte, ce qui nous empêche de les interpréter en détail. Ce sont les fouilles récentes qui nous permettent de les recontextualiser. Par exemple, au hameau du Cros dans le Champsaur, des travaux réalisés en 1960 ont conduit à la découverte des fragments de quatre statues en bronze, dont un hermès représentant Jupiter Ammon et daté de la deuxième moitié du IIe siècle de notre ère. Le site a pu être fouillé en 2022 par l’INRAP et ce travail va permettre de recontextualiser cette découverte ancienne grâce aux méthodes actuelles de l’archéologie. 

Épigraphie gallo-romaine des Hautes-Alpes (La Piarre et la Bâtie-Montsaléon)

Comment est née votre passion pour l’archéologie ?

Je dirais que le point départ, c’est une passion pour la terre. J’ai toujours aimé creuser, planter. Et puis mêler cela au principe de la découverte m’a amené à devenir archéologue. J’ai d’abord fait une licence en histoire de l’art et archéologie et ensuite un master en archéologie protohistorique comme spécialisation à Aix-en-Provence. J’ai ensuite intégré la Cellule Alpine de Recherche Archéologique du département des Hautes-Alpes. À sa fermeture en 2016, j’ai exercé à mon compte. Pendant cette période, j’ai réalisé des publications et des médiations mais également des opérations de sauvetage (fouilles réalisées dans l’urgence lorsque des vestiges archéologiques sont mis au jour lors de travaux de construction). J’ai ensuite intégré l’Inrap jusqu’en 2020 où j’ai pu, entre autres, participer aux fouilles sur le réseau de chaleur d’Embrun. Aujourd’hui, je suis gestionnaire des collections au Musée Museum Départemental des Hautes-Alpes où je fais aussi des découvertes tous les jours, tellement les collections sont importantes !

Dolium – La Bâtie-Montsaléon – Mons Seleucus – Fouilles du Préfet Ladoucette en 1804
Dépôt des Truquets – Réallon

Parmi les fouilles que vous avez réalisées dans le département, lesquelles vous ont le plus marqué ?

Même si les fouilles sur le réseau de chaleur d’Embrun étaient un gros chantier, ce qui m’a le plus marqué, c’est un diagnostic que j’ai réalisé en 2015 à la Grave. Nous avons découvert une nécropole tumulaire datant de l’âge du Bronze à 1900/2000 mètres d’altitude ! Le tumulus principal mesurait presque 20 mètres de diamètre et était entouré d’une couronne de lauzes plantées en pétale autour du tertre. Dans les Hautes-Alpes on connait beaucoup de sites funéraires de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer mais très peu de lieux d’habitation.

Comment devient-on archéologue ?

Il faut débuter un cursus universitaire en archéologie et histoire ou histoire de l’art jusqu’au master. Avec un Bac + 5 on peut devenir archéologue pour l’Inrap, une collectivité territoriale ou une entreprise privée agréée par exemple. On peut également réaliser un doctorat pour devenir chercheur au CNRS ou enseignant chercheur à l’Université. Seuls l’Inrap et les collectivités peuvent réaliser les diagnostics d’archéologie préventive, mais les marchés pour les fouilles préventives sont ouverts aux entreprises privées.


FOCUS SUR // Le Musée Museum Départemental des Hautes-Alpes

Constitué de 4 niveaux sur 2600m2 d’exposition, ce musée est ouvert gratuitement et propose également des ateliers et visites guidées. Frédérique VERLINDEN, Conservatrice en chef présente une programmation avec un large éventail de collections avec des œuvres contemporaines et historiques.

LES EXPOS À VENIR …

  • Automne 2022 : archéocapsule sur « Le Monde des Morts », en partenariat avec l’Inrap, qui présente l’archéologie des gestes funéraires.
  • Novembre 2022 : Exposition numismatique avec des trésors monétaires datant de l’antiquité, du Moyen Âge et de l’Époque Moderne, réalisée par Joël Françoise, numismate, ainsi qu’une exposition sur Lesdiguières et le trésor monétaire de Sédéron (26) avec des monnaies en or.
  • 2023 : Projet d’exposition sur les fouilles de Mons Seleucus (Bâtie-Monsaléon)
Exposition de Philong Sovan, ”In the city by night »

Plus d’infos sur le musée : https://museum.hautes-alpes.fr – 6 avenue Maréchal FOCH – 05000 GAP – 04 86 15 30 70