# Plus2Histoire
Le 01 Septembre 2018

Mines et carrières, des ressources souterraines

Notre département étant très riche en minerais, de nombreuses mines et carrières ont été exploitées pendant des siècles. Aujourd’hui abandonnées ou valorisées, nous vous proposons un retour dans le passé afin de découvrir ces trésors enfouis et parfois encore visibles et visitables.

Photo couverture : ©lukaleroy

Mines paysannes et industrielles du Briançonnais

De nombreuses mines paysannes ont été exploitées dans le Briançonnais, notamment à Villard Saint-Pancrace. Identifiables par leur entrée dotée d’un cadre en bois et par les petits terrils formés par l’accumulation des « stériles », les premières concessions charbonnières datent du début du XIXème siècle, l’Etat incitant les briançonnais à abandonner le chauffage bois pour un chauffage au charbon. Dans les années 1960, on dénombrait pas moins de 55 concessions. Pour la plupart des « paysans-mineurs », l’exploitation hivernale du charbon procurait un complément de revenu aux activités agricoles.

Pour transporter le charbon depuis les mines d’altitude, les briançonnais se servaient d’outils originaux comme les « ramasses », (traineaux en frêne assemblés sans clous ni vis) qui pouvaient glisser dans les prés ou sur la neige, et les goulottes, canaux fonctionnant à sec ou avec un système de chasse d’eau. Les goulottes du Lauzet mesurent 2,5 km de long sur 800 m de dénivelé et montrent de gros bassins dans lesquels le mélange eau-charbon était décanté.

Les mines industrielles, quant à elles, n’avaient d’industrielles que le nom. Il s’agissait plutôt de mines « artisanales ». Dans la vallée de la Guisane, on trouvait la mine des Eduits, perchée sur une falaise proche du champ de neige de Serre-Chevalier, ainsi que les mines du Freyssinet et de Pierre Grosse. Dans la vallée de la Durance, la mine de Combarine, la plus importante de la région, était la seule que l’on pourrait qualifier d’industrielle. Elle possédait un outillage moderne et fonctionnait selon le système des 3×8. Dans les deux mines d’altitude de la Benoîte (au-dessus du Monêtier) et du Chardonnet (mine de graphite à 2600 m d’altitude), les mineurs étaient contraints d’y séjourner toute la semaine. Les briançonnais ont également exploité les minerais de fer, de cuivre et d’argent, comme la mine de fer de Banchet, dans la Vallée Etroite au nord de Névache.

Pour en apprendre davantage sur l’histoire des mines du Briançonnais, n’hésitez pas à visiter le musée de la mine de Briançon ou à vous procurer l’ouvrage de la Société Géologique et Minière du Briançonnais (SGMB) « Les mines paysannes du Briançonnais » aux éditions du Fournel.

Légende photo : Dans la vallée de la Durance, la mine de Combarine, la plus importante de la région, était la seule que l’on pourrait qualifier d’industrielle. © SMGB

La mine d’argent du vallon du Fournel, à l’Argentière-la-Bessée

Le gîte minéral du Fournel est l’un des principaux gisements de plomb argentifère des Alpes. Encaissé dans des roches sédimentaires, ce filon alpin a connu de nombreuses difficultés d’exploitation de par sa roche parmi les plus dures au monde, un morcellement des ressources et la présence d’un minerai mélangé.

Entre le Xème et le XIIIème siècle, l’exploitation connait son apogée avec plusieurs milliers de tonnes de plomb extraits ainsi qu’une dizaine de tonnes d’argent (utilisé pour la fabrication de monnaies locales). Le minerai est exploité jusqu’à épuisement des panneaux affleurants et des portions de galeries et de puits sont creusées de manière opportuniste avant d’être reliées entre elles pour assurer la ventilation et le drainage.

A partir de 1785, l’exploitation moderne connaît différentes phases. Après un long démarrage freiné par de mauvais choix de gestion, c’est à partir de 1851, sous la direction de l’ingénieur Pierre Suquet, que la mine devient prospère. L’exploitation souterraine se modernise et s’étend sur 400 m de longueur et 150 m de dénivelé. Entre 500 et 700 tonnes de minerai concentré sont produits annuellement et expédiés à la grande fonderie Luce & Rozan de Marseille. Avec 300 à 400 ouvriers, dont la moitié issue de l’immigration italienne, la mine du Fournel devient le premier employeur du département des Hautes-Alpes et participe activement à l’essor de l’activité économique locale.

Pourtant, après la crise bancaire de 1870, la mine est en récession et même si plusieurs compagnies tentent de relancer l’exploitation, en 1908, le gisement est considéré comme épuisé. Visitable depuis 1992, le Fournel devient aujourd’hui un site touristique minier majeur. La visite de la mine est complétée par le musée des mines.

Légende photos :
– Visitable depuis 1992, le Fournel devient aujourd’hui un site touristique minier majeur. La visite de la mine est complétée par le musée des mines. © Simon VANHELST
– Rebaisse © Musée des mines
– Salle des machines © Jan Novak

Carrières de marbre rose de Guillestre

Les marbrières de Guillestre et de Saint-Crépin, connues depuis l’Antiquité, ont été exploitées à minima depuis le Moyen-Age pour la réalisation de sculptures, de dalles funéraires ainsi que pour la construction de nombreux édifices de la région comme la collégiale de Briançon, de nombreux bâtiments de la place forte de Mont-Dauphin, les fontaines d’Embrun, l’église ou encore les marches de la place Salva à Guillestre, dans lesquelles on peut observer une grande quantité de fossiles d’ammonites.

Le « marbre rose de Guillestre » est un calcaire noduleux, une roche sédimentaire principalement constituée de carbonate de calcium. Sa couleur rose est due à une petite présence d’argile et surtout à la présence d’oxyde de fer (contrairement à la serpentine qui contient des oxydes de cuivre). Dure et assez peu stratifiée, la carrière de Guillestre est très facilement identifiable, perchée au dessus du bourg. Vous en apprendrez davantage lors des visites du centre ville de Guillestre organisées par l’Office de Tourisme les jeudis 6 et 13 septembre à 16h (rdv place Salva).

Légende photo : Fontaine de marbre rose, place Salva à Guillestre ©Papythaï

La mine de cuivre des Clausis à Saint-Véran

Les montagnes du Queyras recèlent des trésors bien cachés : à 2400 m d’altitude, à proximité de la chapelle de Clausis, les vestiges d’une mine de cuivre sont encore bien visibles. Exploité dès la Préhistoire, il y a 4 400 ans, le cuivre permettait de confectionner des outils et ustensiles, des armes ou des bijoux. Des échantillons de cuivre natif, c’est-à-dire presque pur, trouvés par les mineurs au XXème siècle, laissent à penser qu’il a pu être découvert sous cette forme. A l’époque romaine, les ressources en surface étant épuisées, des galeries sont creusées afin d’atteindre le filon qui s’enfonce presque à la verticale dans le sol. Témoin de l’exploitation à cette époque, une pièce de monnaie d’Antonin le Pieux (empereur romain de 138 à 161 après JC) a été trouvée à l’entrée d’une galerie. L’emplacement en pleine montagne et les conditions climatiques ont certainement dû rendre très difficile l’exploitation et l’évacuation du minerai dans la vallée.

Au XIXème siècle, les galeries d’accès s’allongent pour accéder à la veine toujours plus en profondeur et les techniques d’exploitation se modernisent avec le transport par des wagonnets sur voie ferrée, l’abattage à l’explosif, le broyage et le lavage du minerai. Le minerai est ensuite expédié sur des sites métallurgiques (dans le Vaucluse ou au Pays de Galle) pour être traité.

Les inondations de 1957 n’ont pas épargné l’exploitation minière qui a subi de gros dégâts lors de glissements de terrain. Après le décès accidentel de deux ouvriers puis une explosion endommageant considérablement la salle des machines, l’exploitation a fermé ses portes en 1961.

Au départ du village de Saint-Véran, une randonnée accessible à tous et aménagée de panneaux didactiques vous conduira jusqu’aux vestiges de l’exploitation préhistorique ainsi que sur les sites de l’exploitation moderne où l’on peut encore voir les entrées de galeries, la poudrière et la laverie. Une petite exposition sur la mine est installée dans un ancien four banal du village.

Légende photos : les vestiges de l’exploitation du XIXème siècle de la mine de cuivre de Saint-Véran sont encore bien visibles. ©lukaleroy

Carrières de serpentine à Saint-Véran et Ceillac

Située à une centaine de mètres en amont des vestiges de la mine de cuivre, vers 2 300 mètres d’altitude, la carrière de serpentine de Saint-Véran été exploitée jusqu’en 1931. Nommée à tort « marbre vert » de par son aspect veiné, la serpentine est un silicate tandis que les marbres sont des roches calcaires. Outre son utilisation en joaillerie, la serpentine de Saint-Véran aurait pu servir, dit-on, à édifier des éléments d’architecture, comme les escaliers de l’Opéra Garnier ou le soubassement du sarcophage de Napoléon 1er aux Invalides, cette attribution étant disputée entre Saint-Véran, Ceillac et Maurin (en Ubaye). On retrouve la serpentine sur le bâtiment de l’école de Saint-Véran.
Le site de l’ancienne carrière de serpentine de Ceillac, situé à 2 700 m dans la vallée du Cristillan, est accessible par un sentier mais aujourd’hui difficilement identifiable au milieu d’un champ de blocs éboulés. Exploitée au début du XXème siècle, son accès escarpé a vite entrainé sa fermeture.

Légende photo : La carrière de serpentine de Saint-Véran été exploitée jusqu’en 1931. © Olivier Duchemin www.oduch.fr