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Le 29 Avril 2016

La Via Alta Entre Rome et Saint-Jacques de Compostelle, à travers les Alpes

Le projet « Via Alta » est né d’un rapprochement entre deux dynamiques frontalières animées par une même volonté de promouvoir la dimension cultuelle, historique et touristique des territoires de montagne, de la vallée de Susa, côté italien et de la haute-vallée de la Durance, côté français.

La Via Alta est un itinéraire unique en son genre. Elle se pose comme un témoin de l’empreinte des civilisations au fil de l’histoire, invitant les randonneurs qui l’arpentent à prendre part à un véritable voyage dans le temps. Progresser dessus permet de prendre conscience de son importance dans la diffusion passée du pouvoir politique,
du culte religieux, des échanges commerciaux ou encore de la puissance militaire. Trait d’union entre passé et présent, la Via Alta est aujourd’hui un vecteur de loisir autant que de spiritualité. 

La Via Alta se veut adaptée aux randonneurs en recherche d’effort, de contemplation ou de ressourcement. Elle peut donc se parcourir dans sa globalité mais elle encourage aussi à se focaliser sur des points singuliers. Les offres proposées sont diverses variant entre confort, découverte de patrimoine, gastronomie, etc.
C’est le pratiquant qui modèle la Via Alta à son image.

La Via Alta reprend en partie le tracé de la Voie Domitienne, créée par l’Empire Romain dès le IIème siècle avant JC. Ainsi, bien avant d’attirer les voyageurs en quête de paix, elle constitua un moyen d’assurer la domination militaire de l’armée romaine sur les provinces gauloises. Elle constitua en premier lieu une véritable artère de diffusion de la culture romaine : en attestent les vestiges flamboyants de la cité d’Arles, pour beaucoup figurant au patrimoine mondial de l’humanité.

Si la Via Alta relie les pôles urbains d’Arles et Vercelli, elle propose surtout de traverser des joyaux naturels préservés de toute urbanisation excessive. Tracée en fond de vallée ou en balcons, la Via Alta croise le Lac de Serre-Ponçon, frôle les glaciers du Parc National des Ecrins, entrevoit les merveilles des réserves naturelles du Parc Alpi Cozie dans la Vallée de Suse et traverse des espaces de haute valeur patrimoniale.

La Via Alta pousse à (re)découvrir le long de ses kilomètres les périodes fastes de l’Histoire durant lesquelles les puissants dominaient avec ostentation. Cela est notamment le cas de la cité d’Avignon et de son Palais des Papes, siège de la puissante Eglise chrétienne régnant sur l’Occident du XIVème siècle. Patrimoine classé, le Palais expose sur la Via Alta avec panache le paradoxe d’une institution religieuse prompte à dévoiler son pouvoir. Il en va de même pour Turin, la capitale du duché de Savoie, du royaume de Sicile, du royaume de Sardaigne et la première capitale de l’Italie, avec ses magnifiques palais baroques.

Le témoignage des tensions de jadis
Arpenter la Via Alta rappelle que l’on évolue sur une frontière à la fois naturelle et politique, témoin des velléités de conquêtes des nations et royaumes. Au fil de la redéfinition des frontières, des sites militaires ont été créés ou réadaptés comme le Fort d’Exilles ou les fortifications Vauban de Briançon et Mont-Dauphin classées UNESCO. Un constat s’impose aux marcheurs : les pôles urbains d’Embrun (anciens remparts), Tallard (Château), Sisteron (Citadelle) et Turin (les Maisons de Savoie) stigmatisent également la peur ancestrale de l’invasion.

Un itinéraire empreint de religion et de spiritualité
L’apparition de la religion chrétienne en Europe dès le Haut Moyen-Age conféra à la Voie Domitienne une toute nouvelle dimension spirituelle. Jonction entre les pèlerinages de la Via Francigena vers Rome et du Chemin de Compostelle vers l’Espagne, la Via Alta offre de découvrir des vestiges architecturaux du christianisme hors du commun. Il est donné d’y admirer aussi bien des édifices majestueux (Notre-Dame du Réal à Embrun, Sacra San Michele près de Turin) et des complexes monastiques (Abbaye de Sant’Antonio de Ranverso, Basilique de Sant’Andrea à Vercelli) que des sites uniques de recueillement (Abbaye de Boscodon, Monastère de Ganagobie, Abbaye de Novalesa) ou encore des sanctuaires « vivants » (Notre-Dame du Laus).

Un paysage montagnard de grande valeur
La valeur exceptionnelle des paysages qui jalonnent la Via Alta présente un grand intérêt pour les amoureux de la nature. De la campagne arlésienne provençale à la plaine padane en passant par les alpes du sud, c’est un kaléidoscope de reliefs, végétations, couleurs et climats qui est proposé. A travers les parcs régionaux, nationaux et les réserves naturelles, la Via Alta permet de cheminer dans une région relativement épargnée par l’urbanisation. C’est aussi dans cette communion avec une nature localement préservée que le randonneur trouvera satisfaction.
A découvrir :
– Les trésors des Réserves Naturelles de Susa.
– Le Parc Naturel Régional du Luberon.
– L’ambiance fluviale du Parc du Pô Turinois.
– Le territoire du Parc Naturel Régional de l’Orsiera Rocciavré.
– Le joyau des Hautes-Alpes, le Lac de Serre-Ponçon.
– L’imposant Massif des Ecrins et ses glaciers parmi les plus méridionaux des Alpes. – Le Parc National des Ecrins.
– Adossé à l’Italie, le Parc Naturel Régional du Queyras.

La via de l’élévation
Jonction entre le chemin de Compostelle et la via Francigena menant à Rome, la Via Alta dispose d’une dimension spirituelle logique et incite naturellement au pèlerinage. Assouvissement d’un culte divin ou simple introspection, chacun y trouve des lieux de quiétude et de solennité propices au recueillement, tels que les Abbayes (Novalesa, Boscodon, Notre-Dame de Ganagobie, Saint Antoine de Ranverso), l’église Sacra di San Michele en marge de la plaine de Turin, le Palais des Papes d’Avignon ou encore Notre-Dame du Laus près de Gap.

Une invitation constante à la halte
Traverser des paysages et climats variés est l’occasion de s’ouvrir aux spécialités gastronomiques locales. Celles-ci ne font pas défaut sur la Via Alta d’Arles à Vercelli, elles encouragent à la halte et à savourer l’instant présent.
Au Moyen Age, toute personne qui se mettait à voyager sur une longue durée, se rendait dans des hospices ou des lieux de repos où l’on pouvait déguster des plats à base de produits liés au territoire et à la saisonnalité. Un vrai Menu du Pèlerin dont vous pouvez profiter le long de la Via Alta dans les restaurants participant au projet. Aujourd’hui, la Via Alta est également le chemin des Saveurs, un voyage des papilles ! Ambiance méditerranéenne où le marcheur peut goûter aux fruits confits, grâce aux nombreuses confiseries autour d’Apt, se procurer de l’huile d’olive directement auprès des producteurs, se sustenter avec le nougat provençal, s’enivrer des champs de lavande. Avec la montagne apparaissent des mets plus « riches » comme les tourtons haut-alpins ou les ravioles du Dauphiné. Les caves, les distilleries et les domaines d’exploitation ne manquent pas entre Tallard, Théüs et Valserres le long de la Route des Vins et des Fruits. Les points de vente directs bordent là aussi toute la Route. Puis, le basculement en Italie est l’occasion de découvrir le Panier de Produits Typiques de la Province de Turin et le plaisir du chocolat, tradition ancestrale de la capitale du Piémont.

Des séjours mêlant randonnée et découverte
L’équilibre entre effort, réconfort et culture se trouve aisément sur la Via Alta. Il est donné de découvrir le chemin au travers d’offres d’itinérance invitant à la découverte du patrimoine, à la journée ou sur plusieurs jours. Nature et culture se combinent en des randonnées thématiques associant lectures de paysage, découverte de monuments typiques (oratoires, chapelles à fresques, etc) et dégustation de spécialités locales, à pied, à vélo à assistance électrique (VAE), à cheval ou à dos d’ânes… Pour les randonneurs plus indépendants, le topoguide GR®653D, édité par la Fédération Française de Randonnée Pédestre est l’outil idéal pour évoluer au mieux sur la Via Alta : cartes, explications du patrimoine, distances à parcourir, conseils, etc.

www.hautes-alpes.net
www.tourismepaca.fr

Texte : Camille Badjily
Photos : Mairie de Tallard / Agnès Beaudoin / Service du patrimoine Briançon / Camille Badjily / Gaylor Lebellanger
Carte : Geneviève Roth – Maison Usher / ADDET05