# Plus2SavoirFaire
Le 01 Mars 2019

Thomas Collet – Artisan coutelier

Thomas Collet est avant tout un passionné de montagne et d’escalade. L’amour du couteau, ou plus précisément de sa fabrication, lui est venu presque par hasard. Enfant créatif, curieux et inventif, Thomas a toujours aimé fabriquer divers objets comme des épées en bois.

Thomas est installé depuis 18 ans dans la cité médiévale de Briançon, dans sa boutique de bijoux artisanaux « Shimshal ». L’arrivée dans l’arrière boutique (devenue aujourd’hui son micro-atelier) d’un touret à meuler hérité de son grand-père a réveillé sa passion créative.

« Pour m’occuper, j’ai commencé à réaliser mes premiers couteaux, puis j’ai perfectionné ma technique. Soutenu par mes proches, je me suis lancé dans la production et la vente de mes premières pièces ».

Pièces uniques sans cesse renouvelées, ses couteaux sont le fruit de son imagination. Il aime se laisser porter par l’inspiration du moment, souvent insufflée par une matière. Thomas est fasciné par l’alchimie du travail de l’acier trempé qui transforme structurellement la matière et l’apprivoise. Autodidacte, il réalise lui-même toutes les étapes de fabrication de ses couteaux, du détourage de la lame aux finitions de surface, en passant par la confection des étuis en cuir. Différentes nuances d’acier, d’inox ou de damas sont utilisées, principalement issus d’aciéries françaises. Les manches sont travaillés principalement avec des essences de bois locales comme le mélèze, le frêne ou le noyer.

Avant tout fonctionnels, mais aussi esthétiques, il produit trois types de couteau :

  • le couteau pliant à friction : couteau simple et rustique dépourvu de platine et très léger.
  • le couteau pliant liner-lock : couteau avec blocage de la lame ouverte et une rétention de lame fermée. Ces dernières sont montées sur des roulements à billes pour une bonne fluidité d’ouverture et de fermeture. Les platines, ressorts, axes et visseries sont réalisés en inox.
  • le couteau fixe : couteau dont les côtes sont rivetées en laiton ou en inox et collées. Il est accompagné d’un étui en cuir sur mesure.

Noble et précieux, le couteau tient ses origines dans le plus ancien des outils réalisés par l’homme à l’âge de bronze, le silex. Sa composition n’a pas changé, un manche et une lame, mais sa réalisation et ses utilisations n’ont de cesse d’évoluer et Thomas innove en permanence. Il a notamment mis au point un couteau dédié à l’alpinisme, fermant, très léger et mousquetable, qu’il souhaite développer à plus grande échelle.

Le métier de coutelier demande patience et précision et nécessite des compétences et savoir-faire multiples et pointus allant de l’ébénisterie à la maitrise de la mécanique en passant par la sellerie pour le travail du cuir.

« La production est complexe, je fabrique environ 150 couteaux chaque année, et certains nécessitent parfois plus de 30h de travail ».

LE GARGOUILLARD
De nombreuses régions ont leur couteau emblématique, comme le Laguiole de l’Aubrac ou l’Opinel de Savoie, mais pas les Hautes-Alpes ! Alors, Thomas Collet a inventé Le Gargouillard, en hommage à la Gargouille où est installée sa boutique/atelier. Il est le seul de ses couteaux à porter un nom et à être reproduit. Sa lame est travaillée en acier carbone ou damas (feuilletage de 2 aciers révélant des motifs moirés) et son manche est réalisé à partir d’essences locales de mélèze, de frêne ou de noyer.

texte : Aline Guillet – photos : Eric La Caria