# Plus2Musique
Le 01 Avril 2023

La musique, une histoire de personnes qui s'engagent

La musique est source d’émotions, de plaisirs et de passions. Partagée ou intériorisée, elle nous provoque et nous rassure, nous accompagne et nous capture. Mais au départ, elle est le désir d’hommes et de femmes maniant cet art avec virtuosité et donnant lieu à des créations et des représentations.

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Dans le Champsaur, l’Espace Culturel de Chaillol, association culturelle fondée en 1997, met en œuvre un projet artistique et culturel autour des musiques d’aujourd’hui, de création, du monde, traditionnelles, improvisées ou écrites.

Michaël Dian, son directeur, revient pour nous sur sa création et ses objectifs.

Pourquoi avoir créé cet espace culturel et pourquoi à Chaillol ?

Le point de départ de cette histoire, ce sont mes parents qui l’ont écrite. Notre famille est originaire de Marseille mais très attachée au département des Hautes-Alpes et plus particulièrement au Champsaur. Chaque été pendant 29 ans, mes parents ont organisé des stages de musique à Chaillol, pour les enfants, les ados et les adultes. Ils accueillaient plus de 200 participants venus des quatre coins de la France ! Ces stages ont vraiment marqué le paysage musical dans le département avec des premiers concerts. Ils sont le berceau du Festival de Chaillol qui a vu le jour en 1998 grâce à l’association. Le projet de départ est de partager la passion de la musique. Depuis, l’Espace Culturel de Chaillol s’est beaucoup développé et met en œuvre une présence artistique à l’année, avec des concerts en itinérance sur le bassin gapençais, avec des moments d’échanges et d’interaction avec les habitants.

Comment se construit une programmation musicale ?

C’est un long travail ! J’écoute énormément de musique, je m’intéresse à l’actualité, j’assiste à 3 ou 4 concerts par semaine, et je suis très souvent à Paris pour suivre des artistes et échanger sur leur projet et les conseiller parfois. Mais l’enjeu, c’est vraiment de savoir ce que l’on veut raconter. C’est un travail d’élaboration, comme celui d’un chef cuisinier qui créé une carte, à partir de produits qu’il aime et qu’il magnifie, qu’il accorde avec des vins, puis qu’il sert et dresse avec le plus grand soin. Cela raconte quelque chose. Et comme en cuisine, cela peut ouvrir des perspectives sur le monde.

Comment amène-t-on un public à partager la musique ?

Les concerts sont des moments importants, qui permettent de se retrouver. Mais cela ne s’arrête pas là, il faut d’autres espaces de partage, d’interactions entre artistes et habitants. Nous collaborons avec les écoles pour éveiller les plus jeunes aux plaisirs de la musique, avec le service pénitentiaire d’insertion et de probation pour amener la musique à la Maison d’Arrêt de Gap. Nous intervenons aussi au complexe La Chrysalide à Tallard qui est un établissement de Service d’Aide par le Travail. Nul besoin d’être un fin connaisseur en matière de musique pour accéder à l’émotion. Et si nous n’allons pas dans ces endroits, qui le fera ? Ce que nous voulons, c’est favoriser les rencontres. Un artiste n’est pas artiste uniquement sur scène, il l’est tout le temps.

Comment entrevoyez-vous l’avenir ?

L’actualité est préoccupante pour l’avenir des structures culturelles en général. L’augmentation des coûts de l’énergie et l’inflation, la stagnation des financements publics, quand ils ne baissent pas, fragilisent le secteur culturel. De grandes maisons annulent leurs spectacles, faute de moyens. L’Espace Culturel de Chaillol ne gère pas d’équipement et l’itinérance nous permet de rester agile et sobre, d’être moins impacté. Nous devons rester vigilants si nous ne voulons pas vivre un effondrement brutal des initiatives culturelles sur les territoires.

LE + : Depuis 2019, l’Espace Culturel de Chaillol bénéficie de l’appellation de Scène conventionnée d’intérêt national, Art en territoire. Cette reconnaissance par le Ministère de la Culture conforte l’engagement de la structure et apporte un soutien à une ambition d’excellence et de partage de la musique auprès du plus grand nombre.

Email

09 82 20 10 39

www.festivaldechaillol.com


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Le projet Bruit Blanc est porté par l’association Les Décâblés, basée au Centre Social Intercommunautaire du briançonnais, anciennement MJC. Son objectif : fédérer les musiques actuelles.

Mathieu Michon, coordinateur artistique, nous explique le fonctionnement de la structure et les projets à venir.

Mathieu, comment sont nés l’association et le projet Bruit Blanc ?

L’association « Les Décâblés » est née il y a 15 ans, à l’origine pour l’organisation de l’Altitude Jazz Festival. Puis en 2021, une volonté est née de travailler « à l’année »  en proposant une vision plus large des musiques actuelles sur le territoire Briançonnais. Ce nouvel élan est rassemblé aujourd’hui sous une seule appellation : Bruit Blanc. Ce projet se décompose en trois axes : la diffusion de concerts de musiques actuelles, le développement et l’accompagnement des pratiques musicales et l’animation du réseau local et l’insertion dans les réseaux départementaux, régionaux et nationaux.

Comment se concrétisent ces 3 axes ?

Le temps fort reste bien entendu l’Altitude Jazz Festival en janvier. Cette année sur 9 jours de festival, nous avons pu organiser 34 concerts dont 14 gratuits sur 16 lieux différents. Ce festival se veut itinérant mais garde son centre névralgique au Théâtre du Briançonnais. Nous programmons également tous les mois un concert dans la salle « La Face B ». La programmation est éclectique, portée sur les musiques émergentes, avec des groupes originaux et innovants. Nous recevons des artistes nationaux, parfois internationaux mais ils sont majoritairement issus de la région. Nous avons également à cœur de soutenir les groupes locaux. À ce titre, nous encourageons les pratiques amateurs en mettant à disposition la salle Face B aux groupes qui souhaitent répéter. Nous proposons par ailleurs des cours de batterie, de guitare et de basse. Ce que l’on souhaite, c’est créer une émulation, accompagner la création de jeunes groupes et les guider dans leur volonté de -peut-être- se professionnaliser. Enfin, notre dernière mission consiste à s’insérer dans différents réseaux du monde de la musique pour travailler ensemble sur les problématiques de la filière. Nous sommes par exemple membres du Collectif des Festivals Éco-Responsables et Solidaires en Région Sud.

Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Nous souhaitons nous développer pour gagner en confort de travail. Aujourd’hui, nous sommes 3 à travailler au sein de la structure. Notre conseil d’administration est très actif mais nous avons besoin de renforcer notre équipe pour palier au recours systématique au bénévolat. Cela nous permettrait de développer plus largement l’accompagnement de groupes par exemple. À terme, nous souhaiterions obtenir la labellisation Scène de Musiques Actuelles. Il n’y en a aucune dans le département et cela permettrait de développer notre activité avec plus de moyens et de soutiens institutionnels et garder notre philosophie qui consiste à proposer des concerts toute l’année aux habitants. Notre territoire est certes lié au tourisme mais nous nous devons de leur proposer une programmation culturelle continuelle, nous qui sommes un peu loin de tout !

LE + : Afin de s’affranchir des contraintes de lieu, Bruit Blanc a créé « Le Pavillon Bruit Blanc ». Cette scène mobile est autonome en énergie grâce au public qui pédale sur des vélos. Grâce à cette invention, il sera possible d’aller partout dans le Briançonnais. En plus d’être esthétique, sa structure légère conçue sur mesure, démontable, modulable, transportable, pourra être installée au bord d’un lac comme dans la cour d’une école…  Et le plus du plus : elle a été conçue et réalisée par des artisans locaux !

Email

07 83 03 27 87

www.bruitblanc.net