
Jeff Graphy, le photographe avec la tête dans les étoiles
Jeff a fait de la photographie son métier depuis 3 ans. Passionné d’astronomie, il immortalise les ciels nocturnes comme personne. Basé à Château-Ville-Vieille dans le Queyras, il nous présente son travail, ce qui l’anime et ses spots préférés.
Quel est votre parcours et depuis combien de temps êtes-vous photographe ?
Je suis originaire de Rambouillet où j’ai fait des études pour devenir professeur d’EPS. Mais j’ai eu l’opportunité de tout quitter et partir dans le Queyras pour devenir médiateur scientifique à l’observatoire de Saint-Véran pour faire découvrir le ciel étoilé au public. Suite à cela, j’ai développé mon activité de photographe, spécifiquement dans le paysage nocturne et l’astrophotographie. Je pratiquais déjà la photo depuis 14 ans mais je suis à mon compte depuis maintenant 3 ans. Le cœur de mon activité est situé dans le parc du Queyras où j’ai notamment ma galerie et où je vends mes tirages. Je propose également des stages de photos et des conférences un peu partout en France, où je partage mon parcours un peu atypique et la réalisation de mes photos.
Quelle est la spécificité de la photographie du ciel étoilé ?
Il y a déjà la connaissance du ciel étoilé. La position des constellations, de la voie lactée n’est pas la même d’une période à l’autre. Il faut savoir à quelle période de l’année il y a la partie du ciel étoilé que l’on souhaite photographier. En hiver par exemple, on voit plutôt la partie périphérique de la voie lactée. Mais c’est aussi beaucoup de résilience face aux conditions qui peuvent être parfois extrêmes quand il fait très froid. Il faut être capable de se retrouver seul physiquement et mentalement, tout en restant concentré sur son projet. Il y a en effet certaines photos qui ne sont réalisables que seulement 2 à 3 fois dans l’année pour avoir les conditions parfaites. En amont, en ski de rando ou à pied, je cherche à repérer le meilleur accès et la bonne orientation. Il faut aussi penser au transport du matériel car le sac pèse 24 kg avec plusieurs appareils photos, des trépieds, de l’eau, de quoi manger, des vêtements…

Qu’est-ce qui vous plait dans ce style photographique ?
C’est cette connexion entre moi-même, ce que j’ai sous mes pieds et sous mes yeux de façon terrienne et ce que j’ai au-dessus de ma tête, la relation avec les étoiles, couplée avec le silence. J’ai la sensation que la scène m’appartient. Il y a un fort contraste entre la montagne, le froid, cette rudesse à laquelle je suis confronté et ce silence avec le ciel étoilé. Je me sens tout petit et je relativise beaucoup ! C’est aussi très plaisant de partager les états émotionnels que j’ai pendant ces prises de vue et d’arriver à utiliser la photo, non pas comme objectif final, mais comme un outil pour transmettre mes ressentis.
Quel spot préférez-vous shooter dans les Hautes-Alpes et pourquoi ?
Forcément le Queyras, où je vis et plus particulièrement aux alentours du col Agnel, du pain de Sucre, du col Vieux et de la frontière Italienne. J’aime le côté à la fois rude et accueillant.
Quel cliché a le plus marqué votre carrière ?
J’ai 2 photos qui ont été élues images du jour par la NASA et une autre finaliste parmi le plus grand concours photo du monde du Museum National de Greenwich à Londres, mais ce ne sont pas pour autant celles qui m’ont le plus marqué. Je dirais plutôt une photo réalisée au col Agnel « Le gardien des étoiles » : il avait neigé quelques jours auparavant laissant une neige complètement vierge où le clair de lune s’y reflétait. Un tel alignement entre la lune qui se couche dans le creux de la vallée et la voie lactée sous forme d’arche, n’arrive que 3 à 4 fois par an. Une autre photo également que j’ai réalisée entre Saint-Véran et Ceillac révèle plutôt bien mon style : « Les Mamelles estivales » : en arrière-plan, nous pouvons apercevoir le cœur de notre Galaxie (la Voie lactée). La tâche rose est une nébuleuse diffuse, c’est-à-dire un lieu de naissance d’étoiles. Une recherche en amont de la position précise est nécessaire pour obtenir cette mise en valeur des fameuses Mamelles. Un tel carrefour de lumières n’arrive que 3 à 4 fois par an.

