Vernissage de l'exposition "Chant des tempêtes" de Stéphanie Cherpin, avec la participation des adolescentes du Futur Antérieur, établissement de santé soins-études, Embrun
En 1985 sort le jeu vidéo “La légende de Zelda”, dans lequel le·a joueur·se incarne Link, héros aux traits androgynes, embarqué dans d’innombrables aventures dans sa quête de la princesse Zelda. Succès planétaire, souvent sacré “meilleur jeu de tous les temps” pour la profondeur de son scénario et la profusion de son esthétique, Zelda s’est décliné au fil des années sur toutes les consoles, de quelques pixels jusqu’à la 3D, et a accompagné des générations d’enfants et d’adolescent·es. Quiconque y a joué pourra vous siffler le morceau thème du jeu, le “chant des tempêtes” (song of storms) qui permet à Link de déclencher la pluie et le vent, mais aussi de révéler des grottes secrètes, d’arroser les haricots magiques d’où naissent les fées, et surtout de voyager entre son moi adulte et enfant. Ces notes entêtantes, qui inspirent la création autant que la destruction, tout en appelant la nostalgie, Stéphanie Cherpin les a tout de suite adorées quand son fils les apprenait à la guitare.
Elles donnent leur titre à son exposition au Centre d’art contemporain Les Capucins, une installation d’un seul tenant, massive comme un barrage ou une barricade, composée d’une profusion de choses, ou plus exactement d’un max de trucs : des objets dépecés et détournés, des matières chauffées et transformées et des œuvres de précédentes expositions réassemblées… Le tout forme un ensemble d’où se dégage un flux vibrant, une sorte de boîte de nuit de matériaux, qui semble pouvoir tout ingérer, car selon Stéphanie Cherpin, “il n’y a pas vraiment de limite à ce qui peut entrer dans l’exposition”. D’ailleurs, dire qu’il s’agit d’une “exposition personnelle” est en fait inexact : aucune de ses expositions ne l’est vraiment. Enfin, personnelle, oui, mais pas individuelle, car Stéphanie Cherpin a l’habitude de s’entourer d'œuvres produites par d’autres artistes qu’elle invite, ou réalisées dans différents contextes de transmission, comme ici avec les adolescent·es résident·es au Futur Antérieur, établissement de santé soins-études situé à Embrun, auprès desquel·les l’artiste a été en résidence à l’été 2025.
Cette pratique intuitive, joyeuse et gloutonne de la sculpture résulte de vingt ans d’expérimentations à désapprendre le sérieux de l’autonomie de l’art, la préciosité qui serait synonyme de valeur, le geste unique et le travail en solitaire, pour valoriser les énergies collectives, le plaisir et la confiance aux matières. Cet art de l’assemblage emprunte autant au film, au traveling ou au found footage, qu’à la musique, aux featurings et aux playlists ; à la façon du “chant des tempêtes” de Zelda, il embarque dans des allers-retours entre plusieurs espaces-temps, semés de transformations, de ruses et d’amitiés.
Mathilde Belouali
Période d'ouverture
Jeudi 11 septembre 2025 de 18h à 20h
Tarifs
Gratuit.
Espace Delaroche
05200
Embrun