les Orres ©François Mochi
# Plus2Ski
Le 29 Décembre 2023

En freeride, la sécurité avant tout

Si vous skiez hors-piste, c’est à vos risques et périls. Qui paie les secours en cas d’accident ? Quelles sont les précautions à prendre ? Autant de questions que l’on peut se poser…

L’AVIS DE NOS EXPERTS

Pierre-Marie Dupré, chef d’escadron et commandant du PGHM des Hautes-Alpes

Quelle est la différence entre le secours en montagne et le secours sur pistes ?

Le secours en montagne d’état, géré notamment par les Pelotons de Gendarmerie de Haute Montagne (en alternance avec les CRS de montagne dans les Hautes-Alpes), est gratuit. Sur les domaines des stations de ski par contre, il y a généralement une délégation de service publique qui est donnée à une entreprise privée et le secours est effectué par un service de sécurité des pistes. Des frais de secours peuvent donc être demandés sur les domaines skiables à la personne qui en bénéficie. Différents types de pratiques freeride peuvent exister, soit en montagne, soit sur les domaines skiables. Le domaine skiable est généralement défini comme la zone accessible par gravité depuis les remontées mécaniques. Cette zone se divise en deux domaines : le domaine des pistes de ski balisées et le domaine hors-piste, non-balisé. Il existe donc des secteurs hors-pistes sur domaines skiables. Le secours en montagne d’état est aussi amené à intervenir sur les domaines des stations, notamment quand l’accident dépasse les moyens classiques du secours en station (accident grave, avalanche).

Quel est le risque pénal encouru lors d’un accident ?

La priorité lors de nos interventions est de porter secours. Mais de façon concomitante, nous effectuons aussi des constatations et des actes d’enquête, visant à déterminer d’éventuelles responsabilités, que ce soit en montagne ou sur le domaine skiable d’une station. Notre objectif est de déterminer s’il y a une responsabilité pénale. Cela est ensuite présenté au magistrat – le procureur de la république, qui dirige la police judiciaire. Il décide ou non de poursuivre.

Quels sont vos conseils de prévention à l’égard des freeriders ?

Le premier conseil pour les freeriders – qui sortent par définition des pistes balisées – est de ne jamais oublier d’emmener DVA-pelle-sonde dans leur sac. Il faut bien sûr savoir utiliser ces matériels et donc s’entraîner régulièrement avec. Il existe aussi aujourd’hui des sacs airbag qui ont prouvé leur efficacité. La préparation est également essentielle. Il faut regarder les conditions, via le bulletin d’estimation des risques d’avalanche. Mais le plus important est de savoir renoncer si la situation n’est pas assez sécuritaire et prendre si besoin un autre itinéraire pour ne pas se mettre en risque.

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Stéphane Henry, chef des pistes à la station des Orres

Comment s’organisent les secours entre la station et le secours en montagne ?

La pratique du freeride peut s’effectuer sur différents secteurs en montagne : le hors-piste de proximité en bordure des pistes du domaine skiable, le freeride auquel on accède par gravité, qui s’éloigne du domaine skiable et enfin le freeride qui est totalement en dehors du domaine skiable. Ce qui va définir notre champ d’intervention, c’est la possibilité pour nos équipes de se rendre sur le lieu de l’accident et de pouvoir revenir sur le domaine skiable. D’une station à l’autre, les secours ne s’organiseront pas de la même façon. Tout est décidé en coordination avec le PGHM. On doit s’adapter au terrain, aux conditions météo, à la disponibilité de l’hélicoptère du secours en montagne et enfin à la gravité de l’accident.

Est-ce que la pratique freeride s’est développée ces dernières années et est-ce que les comportements ont changé ?

Oui la pratique freeride s’est développée, surtout quand on a vu apparaître des vidéos sur les réseaux il y a quelques années. Mais le hors-piste garde ce côté un peu dangereux et les gens ne s’y risquent pas tant que ça. Ce sont plus des locaux et des habitués qui s’y aventurent. Ils sont assez nombreux à être équipés en DVA ou sacs airbags, mais il arrive fréquemment que certains ne savent pas s’en servir. Ils ont l’impression qu’avec ça ils ne craignent plus grand chose, mais ces matériels sont techniques et doivent être maniés et testés en amont pour être efficaces en cas de problème.

Quelles sont les précautions à prendre avant de partir en sortie freeride ?

La première recommandation c’est de se renseigner sur les conditions de neige et ne pas hésiter à se rapprocher des professionnels de la montagne. Ceux qui connaissent le mieux l’évolution du manteau neigeux restent les pisteurs secouristes. Il faut connaître son itinéraire, analyser le terrain, la météo et ne jamais partir seul. Il est aussi possible de s’adresser à un professionnel pour se faire accompagner les premières fois. Les écoles de ski et les guides de haute montagne proposent des sorties encadrées. C’est une bonne façon d’aborder la pratique.

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