
Le pain bouilli, une tradition ancestrale à Villar d'Arène
Chaque année en novembre, le village de Villar-d’Arène fleure bon le parfum du fameux pain bouilli cuit au four. La tradition perdure et c’est toujours un moment très fort dans la vie des faranchins.
Plusieurs siècles de tradition vivante
La fabrication du pain bouilli remonte à plusieurs siècles, les premiers écrits retrouvés datent de 1450. À l’époque elle est essentielle à la survie du village, la rareté du bois obligeant les habitants à cuire leur pain une fois par an, au mois de novembre, pour économiser le précieux combustible. Cette pratique s’est poursuivie jusque dans les années 1960, avant d’être relancée une dizaine d’années plus tard dans une perspective patrimoniale.
L’Association du Four et du Moulin de Villar d’Arène a été créée pour préserver et transmettre cette tradition. Aujourd’hui présidée par Jean-Paul ALBERT, elle coordonne chaque année les fournées qui reste un moment de convivialité incontournable pour les Faranchins (habitants du village) et un spectacle étonnant pour les visiteurs.
Une fabrication ancestrale et collective
4 fournées successives se sont effectuées (contre une quinzaine au 19e siècle), chacune d’elles placée sous la responsabilité d’une famille de Villar-d’Arène.
Une fournée requiert environ 450 kg de farine de seigle, levain compris, pour une centaine de pains de 5 à 6 kg. La farine y est travaillée dans un grand pétrin en mélèze, uniquement avec des seaux d’eau bouillante, les « seillées ». Le processus dure près de 20 heures : préparation du levain, pétrissage, levée, façonnage, enfournage, cuisson et défournage… Une quinzaine de bénévoles s’activent pour assurer la réussite de chacune des étapes d’un pain à l’ancienne.
La maîtrise de la cuisson reste un moment clé de la fabrication. Le four vouté en pierres, chauffé pendant plusieurs heures, est d’abord débarrassé de ses braises. Les pains y cuisent ensuite pendant sept heures, avant d’être retirés et stockés au « paradis » (pièce située au-dessus du four) pour refroidir.
« Ici, pas de thermomètre ou d’autres outils de contrôle électronique : tout se fait selon l’expérience et la transmission des savoir-faire »
Gabriel MERLIN, en charge de la cuisson et de la chauffe du four.
La fête se conclut souvent par un rituel symbolique, celui de faire « gauchette ». Après la cuisson de la fournée, chaque participant déguste un morceau de pain encore chaud trempé dans de la gnôle, puis flambée à la bougie. Cette pratique célèbre le fruit du travail collectif enfin achevé.








Une fête gourmande et conviviale
Si la fabrication du pain reste au cœur de l’événement, la fête du « Po Buli » est aussi l’occasion de célébrer d’autres spécialités locales. Les habitants profitent de la mise en chauffe du four pour cuire des tourtes aux choux, des rissoles (beignets à la purée de pommes de terre), et d’autres délices plus ou moins traditionnels. Cette célébration culinaire mobilise toutes les générations, qui se relaient pour pétrir, façonner et cuire les différents mets.


