Papaver rhoeas ©Franck Le Driant
# Plus2Flore
Le 31 Mars

Les fleurs des Hautes-Alpes, une variété exceptionnelle entre plaine et montagne

Franck Le Driant est botaniste à son compte. Passionné par les fleurs depuis de nombreuses années, il a écrit plusieurs ouvrages sur le sujet et répertorie tout son savoir sur le site web forlealpes.com. En parallèle, Il encadre des stages et des randonnées botaniques au sein de Pulsatille, une agence de voyage spécialisée dans ce domaine, dans les Hautes-Alpes et autour.

Franck Le Driant

Comment se caractérise la flore haut-alpine ?

Il existe plus de 4000 espèces de fleurs dans les Hautes-Alpes, ce qui correspond environ à 2 tiers de la flore de France. C’est un des départements les plus riches du pays en botanique, avec une grande diversité végétale. Les Alpes du Sud sont d’ailleurs plus abondants en botanique et en biodiversité, que les Alpes du Nord, car nous sommes à la croisée des influences montagnardes et méditerranéennes. Nous avons aussi des grands espaces, très peu urbanisés, avec une densité de population très faible par rapport au reste de la France, ce qui nous permet d’avoir des lieux très préservés.

Quelles sont vos secteurs préférés pour observer les fleurs ?

Il y a des secteurs très intéressants dans les Écrins, le Dévoluy, le Queyras et également dans le Buëch, très riche en botanique. Mais je suis assez fan du Queyras et du Buëch. En haute montagne, on retrouve beaucoup de fleurs singulières comme des fleurs en coussins, des androsaces (primevères des montagnes), ou une autre plante mythique qui n’existe pratiquement qu’ici, la bérardie laineuse, ou encore les gentianes. Dans le Buëch, on observe plus de fleurs méditerranéennes, comme les pivoines sauvages, ou la fraxinelle. Un autre pan intéressant de la botanique dans les Hautes-Alpes, que l’on retrouve notamment dans le Buëch et l’Embrunais, ce sont les plantes des moissons, dites plantes messicoles, comme les coquelicots, qui sont liées aux cultures des céréales. Le département est un des derniers refuges de France pour ces espèces, car nous avons des pratiques agricoles qui sont beaucoup plus douces qu’ailleurs.

Avez-vous observé une évolution de la flore haut-alpine ces dernières années ?

En explorant les départements voisins, j’ai remarqué une régression de certaines variétés, due à l’impact humain, alors que beaucoup moins dans les Hautes-Alpes. Par contre, les conditions climatiques ont un impact certain et nous observons par exemple un décalage dans les périodes de floraison. Un autre élément ayant un effet néfaste sur la flore, ce sont les modifications des pratiques pastorales. Il y a toujours eu des troupeaux en montagne, ce n’est pas le problème, mais ce qui manquent, ce sont les petits troupeaux domestiques à côté des villages, qui permettaient de débroussailler les alentours et de garder le milieu ouvert. Nous avons de plus en plus de milieux qui se referment, avec des forêts et des broussailles qui prennent de l’ampleur.

Pourquoi est-il important de préserver nos fleurs ?

Cela fait partie d’un équilibre entre faune, flore et nourriture pour l’homme. Toutes les fleurs ne sont pas forcément utiles au premier abord, mais elles sont pollinisées par des insectes qui vont jouer un autre rôle dans la pollinisation ou la fécondation d’autres espèces et ainsi de suite. Nous sommes dans un écosystème qui est équilibré où tout est interconnecté.

06 63 67 92 58

www.florealpes.com

www.pulsatille.com

Facebook

Le Jardin du Lautaret forme les botanistes de demain
Le jardin du Lautaret est situé à 2100 mètres d'altitude au col du Lautaret. Depuis plus de 100 ans, il entretient et conserve une vaste collection de 2000 espèces de fleurs des montagnes du monde, dans un écrin paysager exceptionnel face aux glaciers de la Meije. Il a pour vocation depuis toujours de présenter au grand public la diversité des plantes des montagnes du monde, de sensibiliser le public à la conservation des plantes menacées, à la préservation de leur environnement et de participer à la recherche scientifique. Ainsi, tous les ans, le jardin du Lautaret dispense des formations en botaniques et en écologie des milieux de montagne. Les prochaines auront lieu cet été et seront encadrées par Rolland Douzet, botaniste et professeur agrégé de l'Université Grenoble Alpes :
- du 30 juin au 05 juillet 2025 : Diplôme d’Université (DU) en botanique écologie alpine du Briançonnais,
- du 07 au 10 juillet 2025 : formation de botanique alpine.
Plus d’infos : 04 92 24 41 62 - www.jardindulautaret.com