Marc Bretton, fondateur de l'observatoire des Baronnies Provencales
L’observatoire des Baronnies Provencales est un domaine astronomique dédié à la culture du ciel et à la découverte de notre patrimoine nocturne : la nuit. Marc Bretton en est le co-fondateur avec sa femme. Il nous explique sa passion et la genèse de ce projet astronomique.
Marc Bretton, d’où vous vient cette passion pour l’astronomie ?
Cette passion remonte loin, vers l’âge de 10-11 ans. Je me suis tout d’abord orienté vers des études d’informatique et de gestion, mais à 40 ans, j’ai voulu revenir à cette passion et créer un projet autour de l’astronomie, avec une démarche innovante. Avec ma femme nous avons donc cherché un lieu à la campagne pour nous installer et nous avons choisi Moydans dans les Hautes-Alpes, où il y a une capacité nocturne incroyable. Il n’y a pas de pollution lumineuse et les nuits sont dégagées, avec en moyenne de 240 à 250 nuits sans nuages par an.
Pourquoi avoir créé l’observatoire des Baronnies Provençales ?
Notre souhait était de faire venir des gens pour qu’ils vivent une aventure avec des astrophysiciens, mais aussi de procurer un lieu de travail, un laboratoire pour ces professionnels. Cette proposition n’existait pas en France en 2005. Nous avons donc voulu mettre en place quelque chose, mais dans un cadre professionnel, avec des sessions immersives de 10, 11, ou 12h. Les gens dorment à l’observatoire, mangent avec les astronomes et partagent leurs activités avec eux. L’idée étant de montrer la vie d’un astronome dans un observatoire, de discuter de ses recherches, ou de découvrir un transit d’exoplanète en temps réel, par exemple ! Ce projet a été réalisé dans un cadre européen, ce qui nous a permis de nous lancer financièrement, mais aussi grâce à l’Association Française d’Astronomie, puisque dès 2010, nous sommes devenus station de nuit (il en existe 9 en France) et très vite ils nous ont fait confiance pour créer l’école d’astronomie.
Justement, cette école d’astronomie, quel est son objectif ?
Il y a entre 20 et 30 écoles d’astronomie en France. Notre objectif est de former le plus de monde à l’astronomie, pour savoir se repérer dans le ciel, utiliser des instruments et porter la science auprès de tous. Nous sommes la plus grosse structure de formation en France en termes d’astronomie instrumentale, loisir et même professionnelle maintenant. Nous recevons fréquemment les collèges des alentours, nous nous déplaçons dans les écoles et nous participons par ailleurs à des classes découvertes. Les classes viennent de France et même d’Europe ! Nous formons à peu près 800 personnes par an entre les professionnels et les amateurs depuis 2011. Nous avons créé une antenne à Gap pour nous rapprocher du grand public et cela nous a aussi permis de lancer un projet d’incubateur, « Expérien’ciel », pour aider les socio-professionnels à se lancer dans l’aventure de l’astro-tourisme.
En quoi l’astronomie peut-elle être source de développement pour le tourisme ?
Depuis quelques années, tous les territoires se posent la question sur le développement du tourisme « 4 saisons ». À quoi ressemblera le tourisme dans un cadre de réchauffement climatique ? Ce sont des enjeux énormes et nous nous positionnons par rapport à cela pour exposer notre expérience de plus de 10 ans sur le sujet. L’idée est de proposer un accompagnement aux socio-professionnels qui souhaiteraient se lancer dans l’astro-tourisme. Cet accompagnement est personnalisé avec du coaching sur site ou à domicile pour les aider à monter leur projet financièrement. Nous leur prêterons gratuitement du matériel pour tester leur activité et nous les formerons à l’astronomie. Le projet est tout nouveau. Il y a au total 12 places qui sont destinées à des hébergeurs, des accompagnateurs, des médiateurs ou des professionnels du tourisme qui souhaitent étendre leur offre à la nuit, sur les communautés de communes du Champsaur Valgaudemar, Gap Tallard Durance, Buëch Dévoluy et Serre-Ponçon Val d’Avance. Ce projet est soutenu par le programme européen LEADER. C’est un projet ambitieux qui va nous permettre de voir l’appétence des socio-professionnels pour cette activité.
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