# Plus2Montagne
Le 17 Août 2023

Mieux connaître les chiens de protection pour une meilleure cohabitation

La présence de chiens de protection des troupeaux interpelle de plus en plus de pratiquants d’activités de plein air. Pour désamorcer d’éventuels conflits d’usages en montagne et permettre une cohabitation optimale, le Parc du Queyras emploie des moyens divers et variés. Il a par exemple embauché pour l’été un spécialiste des canidés. 

Les chiens de protection de troupeaux n’ont pas bonne presse auprès de certains randonneurs ou vététistes… En effet, ils peuvent facilement impressionner. De la famille des molosses, ils ont d’ailleurs été sélectionnés pour ça. Néanmoins, il ne faut pas confondre dissuasion et agression. « Leur rôle principal est de protéger le troupeau au sein duquel ils passent tout leur temps. Il est donc normal qu’ils aboient à l’approche d’une ou plusieurs personnes, c’est leur manière de communiquer », explique Christophe Pin qui a intégré la mission de médiation du Parc naturel régional du Queyras pour la saison estivale. Dans un premier temps, un randonneur ou un vététiste peuvent en effet apparaître comme une menace pour les bêtes. Les chiens peuvent alors s’approcher. « Ces chiens ont un très bon odorat et peuvent vous sentir de loin, mais ils ont une vue moyenne et ils doivent venir à 6/10 mètres pour vous identifier », précise l’ancien transporteur qui s’est formé à l’éducation des chiens de protection auprès de la Pastorale pyrénéenne. 

Si l’éducation du chien reste déterminante dans sa manière de réagir, tout comme la lignée génétique dont il est issu, les randonneurs doivent aussi adapter leur comportement pour favoriser la meilleure cohabitation possible. Traverser le troupeau, utiliser ses bâtons pour faire fuir les chiens, s’agiter ou traverser en courant ne fera qu’envenimer la situation et pourra exceptionnellement conduire à des incidents de type pincement ou morsure. Pour éviter cela, mieux vaut plutôt contourner largement le troupeau (dans la mesure du possible), rester calme et interposer un objet (chapeau, veste, sac à dos, etc.) entre soi et le chien pour marquer son espace personnel ou encore lui parler pour lui dire de retourner au troupeau, par exemple… 

Afin de faciliter ces échanges sereins, des panneaux avec la photo des animaux et leur nom ont été installés par Christophe Pin à l’entrée de certains alpages, en accord avec les éleveurs et les bergers. Par ailleurs, il a également répertorié le nombre de chiens que l’on trouve dans les alpages queyrassins, afin de cerner les éventuels problèmes de comportement qui pourraient apparaître en fonction des caractères des chiens et la façon dont le groupe est organisé. « La hiérarchie d’un groupe est très importante ! Préparer le chien à son nouvel environnement est la meilleure façon d’éviter l’interaction avec les autres usagers de la montagne », avance Christophe. Sa formation suivie pendant deux mois dans les Pyrénées en 2022 lui permet ainsi d’intervenir et de suggérer certaines actions afin d’améliorer la situation. Une attention que les éleveurs et les bergers n’ont pas toujours le temps de donner, les saisons estivales étant particulièrement chargées dans le domaine agricole. 

Les autres actions de la mission de médiation 

Depuis plusieurs années, des agents du Parc viennent en aide aux éleveurs et aux bergers sur différents plans. Ils dressent les constats de prédation lors d’attaque de prédateurs pour le compte de l’État. Ils gèrent le réseau radio « Réseau Bergers du Queyras et secours en montagne », une spécificité queyrassine, qui permet de pouvoir communiquer malgré l’absence de réseau téléphonique. Ils participent à la mise en place des cabanes héliportables prêtées par le Parc. Ils proposent chaque année un Bulletin des bergers, ainsi qu’un atelier technique pastoral, permettant de débriefer sur les problématiques en cours ou récurrentes. Des animations grand public, comme les sorties « être berger aujourd’hui », sont proposées tout au long de l’été. Par ailleurs, les agents assurent également un suivi faune. 

À voir prochainement : Rasco et nous (documentaire sur les chiens de protection de troupeaux), projection organisée par le Parc du Queyras, suivi d’un temps d’échanges avec les agents du Parc, le 17 août à la salle des fêtes d’Arvieux à 21h15. Ce sera la dernière soirée organisée sur ce thème cet été après un franc succès des trois précédentes. 

Chiens de protection versus chiens domestiques 

Pour ceux qui tiennent vraiment à aller se balader en montagne accompagnés de leur chien de compagnie, certaines règles sont à observer pour que cela se passe au mieux. En premier lieu, afin qu’il n’aille pas perturber la faune sauvage ou les troupeaux qui paissent en alpage, ils doivent être tenus en laisse. Les communes du Queyras ont pris récemment des arrêtés municipaux en ce sens. 

Lors d’une rencontre entre chien domestique et chien de troupeau, il est préconisé de tenir son animal avec une laisse raccourcie qui permet de le garder contre soi le temps que le chien de protection approche. Une fois que ce dernier est à proximité, il faut complètement lâcher la laisse afin que les deux puissent engager les inéluctables présentations d’usage. 

Peu d’accidents malgré une fréquentation touristique en hausse 

Dans les Hautes-Alpes, on compte quelque 1 300 chiens de protection en 2022 d’après la Direction départementale des territoires. Les morsures dans le département (sur la base des procédures issues de plainte ou de signalement à la gendarmerie) ont été de 25 en 2021 et de 15 en 2022 (pour quelque 2,5 millions de visiteurs estivaux d’après le nombre de nuitées estimé par l’Agence départementale du tourisme). 

Dans le Parc naturel régional du Queyras, où l’on recense une centaine de chiens de protection, ce sont cinq morsures qui ont conduit à une plainte en 2022 (d’après la gendarmerie de Château-Ville-Vieille). Un nombre stable par rapport à 2021, alors même que la fréquentation générale du territoire a augmenté. En effet, le nombre de nuitées estivales recensées dans le Guillestrois-Queyras (hors Vars et Risoul) est passé de 790 000 à 853 000 (ne comprenant pas la fréquentation en bivouac). De plus, la plupart des incidents recensés sont le fait souvent de quelques chiens agressifs soulignant l’importance du travail de sélection, d’éducation des chiens, d’accompagnent des éleveurs pour permettre aux pratiquants de la montagne de profiter pleinement de nos espaces naturels. C’est une des tâches que le Parc Naturel Régional du Queyras compte bien poursuivre et renforcer. 

Photo : Christophe Pin peut apporter son aide à la mise en place des chiens de protection au sein d’une exploitation, comme ici à la Chèvrerie des Moulins. Photo © Fabrice Wursteisen, PnrQ 

www.pnr-queyras.fr

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