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# Plus2Ski
Le 30 Décembre 2024

Quentin Ladame, la transmission du freestyle

Quentin Ladame est un ancien ski freestyler pro originaire de Crots. Il a débuté le ski dans la station de Crévoux, d’abord en ski de fond de 3 à 10 ans, puis en alpin aux Orres en pré-club et ensuite avec le club multi-glisses. Il rejoint plus tard le club de freestyle de Sylvain Lombard à Risoul en 2009, puis à Vars en 2010. Il a alors 16 ans et n’imagine pas encore à ce moment-là, que sa passion l’amènera aux quatre coins de la planète pour représenter l’équipe de France et vivre de sa passion.

Quentin, explique-nous comment débuter la pratique du freestyle ?

Pour faire du slopestyle et du big air, il faut être bon skieur. Il faut savoir faire des virages et contrôler sa vitesse. Tout ce que l’on apprend en poudreuse, c’est de la proprioception, de la lecture de ligne que l’on va pouvoir retranscrire ensuite sur le snowpark. Tout est lié. C’est beaucoup de travail. C’est en répétant les figures, les enchaînements, que l’on apprend comment se gérer en l’air et réaliser les figures. En freestyle on a une zone de confort. Le but du jeu, c’est de flirter avec cette zone. Si on va trop loin on se fait mal, mais à l’inverse si on reste trop en deçà, on ne progresse pas. Il faut réussir à se connaître pour progresser sans se faire mal.

Justement comment se gérer quand on est en l’air ?

Au bout d’un moment on ne pense pas trop au danger ! On le fait tellement. Les premières fois tu prends les plus grosses sensations de ta vie, tu trembles, tu te dis que c’est extraordinaire ! Et plus tu le fais, plus ça devient normal et ce quelque chose qui était extraordinaire en début de saison devient ta normalité. Après tu vas chercher encore plus loin et c’est ce mécanisme qui est grisant.

Comment s’est passée ton accession en équipe de France ?

Je suis rentré en équipe de France fin 2014. Je faisais déjà des compétitions internationales et le coach de l’équipe de France m’a repéré. J’y suis resté jusqu’en 2018, avec au milieu un titre de champion de France en slopestyle et une 6ème place en Coupe du Monde en 2015. Je m’étais fixé les JO 2018 de Pyong Chang comme objectif. J’étais bien parti mais je me suis blessé au moment des qualifications et le rêve s’est envolé. J’avais prévu d’arrêter les compétitions en 2018. Au départ, la compétition n’était pas forcément une aspiration. C’est grâce à mon coach que j’ai appris à aimer ça. Cela m’a permis de mieux me connaître et comprendre ce que je voulais montrer. Aujourd’hui j’aime ça ! J’étais en Norvège au printemps dernier pour un événement plus « cool » avec les meilleurs internationaux et j’ai retrouvé ces sensations. J’aime me remettre dans l’univers et sortir le meilleur de moi-même.

Comment as-tu enchaîné avec cet « après » en équipe de France ?

Au début ce qui m’avait inspiré dans ce sport, c’est ce que je voyais dans les vidéos. Cette liberté d’expression, les figures, les spots que l’on choisit. Quand j’ai arrêté, je suis parti coacher en Australie. De retour en France, j’ai continué à organiser le Conquistad’Orres aux Orres, j’ai fait quelques compétitions plus « cools » et j’ai commencé à faire des vidéos avec les sponsors. Au final, ce sont deux périodes de ma vie que j’ai vécues à 100%. L’une un peu folle quand j’étais plus jeune, avec cette envie de devenir le meilleur mondial qui te galvanise, et l’autre beaucoup moins stressante et beaucoup plus artistique. J’ai vécu la vie dont j’avais rêvé dès mon plus jeune âge. Aujourd’hui je continue les vidéos, mais je vais devoir y mettre un frein car j’ai monté un club à Vars l’année dernière. J’ai des enfants qui commencent à avoir des résultats et j’ai un peu l’impression de les abandonner quand je pars en tournage !

Comment a débuté cette reconversion de coach ?

Tout a commencé aux Orres en 2018 avec le directeur de l’ESF Sébastien Aubert, qui m’a tendu la main en créant le club ESF. Quand on a eu assez d’enfants et qu’ils ont commencé à bien se débrouiller, le SCOCE (ndlr : Ski Club Les Orres Crévoux Embrunais) nous a ouvert une section freestyle. Mais au bout d’un moment, j’avais un peu atteint la limite de ce que pouvait nous offrir le snowpark en place. Il est très bien pour débuter, mais pour aller plus loin dans la pratique du freestyle et progresser, il nous fallait d’autres infrastructures. Les Orres m’ont beaucoup soutenu pendant des années et c’était important pour moi de faire quelque chose là-bas. Et c’est en même temps une suite logique de migrer sur Vars, là où je suis devenu un athlète de haut niveau. J’ai créé le club « La Compagnie » en 2023 qui est indépendant. Mais nous sommes en train de travailler sur la création d’un 2ème club fédéral sur Vars qui regrouperait une section ski freestyle et une section ski de vitesse[i]. Ces deux pratiques méritent aujourd’hui d’être mieux représentées et ce club permettrait de nous apporter plus de moyens financiers, que ce soit pour demander des subventions ou trouver des sponsors. À terme, j’aimerais aussi former un groupe pour les moins de 9 ans sur du multi-glisses, pour qu’ils puissent toucher à tout, avec un moniteur qui puisse continuer à solidifier des bases alpines tout en intégrant du freestyle et de la poudreuse. J’aimerais aussi intégrer des filles. Jusque-là l’effectif est uniquement composé de garçons. Je suis sûr que si une s’engage, elle montrera le chemin aux autres !

Qu’attends-tu des Jeux Olympiques 2030 en France où les compétitions de freestyle seront organisées dans les Hautes-Alpes ?

Je pense que cela va permettre de mettre un focus sur la discipline dans la région. On a la chance d’avoir plusieurs haut-alpins qui étaient en Coupe du monde et même aux JO, en ski et snowboard freestyle. Donc on a déjà des personnes de haut-niveau et j’espère que cela permettra de nous donner un peu plus de visibilité par rapport à l’alpin. La pratique du ski change et il ne faut pas négliger ce côté freestyle. La présence de snowpark ou de boardercross adaptés dans les stations, sont, je pense, des éléments déclencheurs pour les touristes. Il faut avoir ce regard sur différents points : le développement de la discipline par rapport à nous professionnels, mais aussi du point de vue des stations, pour l’intérêt des gens pour ce sport. J’espère aussi que les JO vont permettre de vulgariser notre discipline, parce que c’est parfois difficile de comprendre les notations, le vocabulaire. J’espère que les médias vont réussir à trouver les bonnes personnes pour expliquer tout cela. J’ai d’ailleurs expérimenté le rôle de commentateur et c’était super intéressant. J’aimerais bien renouveler l’expérience parce que j’étais un peu jeune à l’époque et je prendrais un plaisir d’autant plus grand à pouvoir expliquer avec un regard plus mature les différents objectifs de ce sport. Et enfin, en tant que coach, j’ai l’objectif d’amener un de mes élèves à participer aux Jeux chez nous. Il y a notamment Louis Guidon qui a été sacré champion de France en slopestyle l’hiver dernier en benjamin, ou encore Georges Billy qui a fait un podium en coupe de France slopestyle.

Instagram Quentin Ladame

Instagram lacompagnie_freeskidevelopment

[i] * La création du club fédéral était en cours de validation lors de l’interview début décembre