# Plus2Faune
Le 01 Janvier 2019

Sur les traces de la faune de nos montagnes

L’hiver est une période de changement important pour la faune sauvage, en particulier dans les milieux montagnards. Nous allons voir comment certains animaux des Hautes-Alpes s’adaptent aux conditions rigoureuses du froid et à la neige de l’hiver. Certains vont hiberner, d’autres migrer ou encore adapter leur aspect physiologique.

LE CHAMOIS, Un habitué des cimes

Il ne vit qu’en montagne, entre 800 et 3000 m d’altitude, selon la saison. Il fréquente les alpages au-dessus de la limite des arbres, dans la zone des éboulis, mais en hiver, il descend en forêt et sur les pentes où la neige est balayée par le vent afin d’éviter la famine et les avalanches.

Le chamois n’hiberne pas et ne migre pas, en revanche, son pelage varie selon les saisons. En hiver, le chamois prend une teinte entre le brun foncé et le noir alors que l’été il est beige ou brun clair. L’épaisseur de son pelage est plus importante l’hiver, pour le protéger du froid, elle peut atteindre 10 à 12 cm pour seulement 3 à 4 cm en été.

L’hiver, il gratte la neige pour manger de l’herbe, il mange également des feuillages séchés, des aiguilles de pin, des lichens et des mousses.

C’est un animal diurne qui vit en troupeau plus ou moins gros suivant les saisons. En hiver, les troupeaux sont beaucoup plus gros qu’en été car certains mâles solitaires rejoignent les troupeaux. Leurs sabots leur accordent une remarquable aisance même sur les terrains les plus accidentés et abrupts.
Saviez-vous qu’un chamois est capable de grimper 1000 mètres de dénivelé en un quart d’heure ? Un homme, même très sportif, grimpe le même dénivelé en une heure. Il est donc très difficile d’approcher le chamois de près. Il peut également sentir les odeurs à 700-800 mètres de distance et son ouïe est très développée.

LE BOUQUETIN, fantôme des rochers

Dans les Alpes, selon les saisons, on peut trouver le bouquetin entre 500 et 3 300 m d’altitude. C’est l’été qu’il monte le plus haut, pour profiter des pâturages non consommés par les autres herbivores, sur les sommets ou les crêtes. L’hiver, il peut descendre jusque dans les vallées pour trouver de la nourriture.
Appelé aussi « bouc des pierres », il est trapu et rondouillard. Ses onglons d’une remarquable souplesse lui permettent d’adhérer parfaitement aux rochers. En hiver, les barres escarpées accueillent mâles et femelles pour le rut annuel. Suivront les temps difficiles d’économie d’énergie, de déplacements pour assurer sa ration quotidienne d’herbe sèche et ne pas s’exposer aux avalanches.
La coloration de la robe du bouquetin varie au fil des saisons. En période estivale, le poil est court, beige et brun clair. À l’automne, il tombe lentement et est remplacé par une fourrure à poils plus longs et épais, de couleur brun foncé, presque noire. Cette épaisse fourrure protégera le bouquetin du froid hivernal, et sa couleur plus foncée absorbera les rayons du soleil. Une mue s’opère à la sortie de l’hiver. Le bouquetin se débarrasse alors de sa fourrure hivernale en se frottant aux rochers et aux arbres.
Mâles et femelles portent des cornes ornées d’anneaux de parure qui poussent durant toute leur vie. Celles du mâle peuvent atteindre 1 m de long et celles de l’étagne (femelle), plus petites, sont presque droites.

L’AIGLE ROYAL, prédateur majestueux

Magnifique rapace, redoutable prédateur aérien, cet oiseau majestueux s’observe en toute saison dans le massif des Écrins et les Hautes-Alpes. L’aigle royal est un rapace diurne qui mesure de 76 à 79 cm, l’envergure de ses ailes est d’environ 190 à 220 cm. La couleur de son plumage varie avec l’âge.
L’aigle royal se nourrit essentiellement de petits et moyens mammifères : jeunes renards, marmottes, hermines, petits oiseaux et même serpents ou lézards peuvent tout autant lui faire office de festin. En hiver, lorsque les temps sont durs, il adopte un comportement charognard. Il peut alors se nourrir de plus gros animaux comme le chamois, qu’il n’aurait pas pu tuer par lui-même.

Pour chasser, l’aigle royal survole les pentes et repère, de son regard perçant, les animaux à découvert. Il plonge alors sur eux à une vitesse qui peut atteindre les 150 km/h. Il se saisit de sa proie à l’aide de ses serres qui souvent suffisent à tuer l’animal. Son bec crochu, puissant et acéré lui permet alors de dépecer sa proie.

La saison de reproduction de l’aigle royal débute au mois de novembre et la période des parades (spectaculaires acrobaties et jeux aériens) s’étale de décembre à mars. Le couple entame la saison de reproduction avec l’aménagement du nid, bâti dans la partie supérieure d’une falaise, sur une corniche protégée par un surplomb ou située dans une cavité, voire dans un conifère âgé. Saviez-vous que l’aigle royal a une vue 7 fois plus perçante que celle d’un homme ?

LE TETRAS-LYRE, oiseau emblématique

Le Tétras-Lyre est aussi appelé « Coq de Bruyère ». On le rencontre fréquemment en forêt où il trouve sa nourriture. C’est un oiseau qui s’est adapté à vivre dans les milieux froids et dans la neige. En hiver, il passe le plus clair de son temps réfugié dans des igloos creusés dans la neige pour se protéger du froid, d’où il s’envole rapidement au moindre bruit suspect.

La survie hivernale du Tétras-lyre est basée sur les économies d’énergie vitales à cette période de l’année en raison du froid intense et d’une bien maigre ressource : aiguilles, bourgeons et jeunes pousses d’arbre. Le tétras-lyre est particulièrement sensible au dérangement, car il ne peut compenser l’énergie dépensée lorsqu’il quitte précipitamment son igloo au passage d’un skieur hors-piste ou d’un randonneur à raquettes. Il accumule peu de graisse et à chaque fois qu’il est importuné il va s’envoler et consommer de l’énergie. S’il est trop souvent perturbé, il peut en mourir.

En avril, début de la saison des amours, le comportement de cet animal prend toute sa splendeur. Chantant avec ce cri qui leur est propre, les mâles s’affrontent au cours de parades d’intimidation qui précèdent l’accouplement.

LA MARMOTTE, l’animal fétiche des Alpes

La marmotte s’est gavée durant tout l’été afin de constituer des réserves de graisse et doubler son poids avant l’hibernation. Dès la mi-octobre, la marmotte entre dans son terrier pour une période d’hibernation. Elle se met en boule dans la chambre à coucher garnie de foin et s’endort pour un long sommeil de six mois. Sa température passe de 37° à 5°/ 6°C afin d’économiser son énergie. Les marmottes se serrent les unes contre les autres, roulées en boule, le nez dans la queue et passent ainsi l’hiver en famille. Les adultes, plus résistants, réchauffent les jeunes, nés le printemps précédent. Plus la famille est nombreuse, plus les chances de ressortir sain et sauf au printemps sont importantes. Toutes les deux semaines environ, elle se réveille pour uriner dans un espace réservé et se rendort aussitôt.
Dès que le printemps s’annonce, affamée par ce long jeûne, elle ne résiste pas à l’appel de la lumière et brave tous les dangers pour manger quelques brins d’herbe sèche ou rameaux parfois très éloignés de son terrier. Ce rongeur, délesté de 60% de son poids est alors très vulnérable sur les pentes encore enneigées d’avril, il provoque alors la convoitise de l’aigle royal et du renard dont il n’est protégé que par son fameux cri strident qui donne l’alerte.

LE LIÈVRE VARIABLE, expert en camouflage

Il habite les forêts et les alpages, à partir de 1 200 m. On le trouve jusqu’à la limite des neiges éternelles dans les Alpes, d’où son nom lièvre des neiges, surnommé également le « blanchon ».

Il a la particularité de changer de couleur en fonction de la saison. Ce camouflage réduit les risques d’être attrapé par un prédateur, qu’il soit aigle, renard ou hermine. Son pelage blanchit en automne pour être complètement blanc en hiver et ainsi passer inaperçu sur la neige, seule l’extrémité de ses oreilles reste noire. Au printemps, les poils bruns réapparaissent à l’exception de sa queue qui reste toujours blanche. Ainsi, il se cache plus facilement dans les rochers. Le lièvre variable est indifférent au froid même le plus vif, car protégé par son épaisse fourrure. Il gîte à même la neige et creuse parfois un trou où il s’abrite. Ses pattes arrière sont comme de petites raquettes naturelles, qui lui permettent de se déplacer avec une rare aisance.

Cet animal très discret se déplace la nuit et reste caché le jour. Il n’émet aucun cri, il est donc difficile de le voir. Mais, on peut facilement repérer ses traces « en Y » et ses crottes, surtout sur la neige.

LE RENARD, le plus rusé de la forêt

Sa grande adaptabilité en fait un mammifère présent dans une grande diversité de milieux, de la plaine jusqu’en haute montagne. La fourrure du renard est dense, douce, soyeuse et relativement longue, notamment en hiver, ce qui lui permet de résister à des températures jusqu’à −13°C.

Le renard est souvent considéré comme un animal nocturne. En réalité, il s’agit surtout d’un animal méfiant qui préfère la tranquillité et la quiétude de la nuit pour sortir et traquer ses proies. Pendant la journée, il s’abrite le plus souvent sous des racines ou dans un talus de bois. Il habite dans un terrier tapissé de poils qui a souvent 3 à 4 entrées.

Le renard est un prédateur qui sait tirer parti des ressources les plus abondantes de chaque saison. Il se nourrit de micro-mammifères mais attrape aussi des gros rongeurs, des oiseaux et consomme des œufs, des cadavres d’animaux, des déchets domestiques, des insectes ou des fruits. Quand il a un surplus de nourriture, il lui arrive de le cacher pour des moments de disette.

Très agile, il peut réaliser des bonds de deux mètres au-dessus des clôtures. Il est bon marcheur et quand il chasse il peut parcourir une dizaine de kilomètres. Il est capable de ramper et de se faufiler dans des passages étroits grâce à son corps fuselé. Il court à une vitesse de 6 à 13 km/h, et peut atteindre au maximum 50 à 60 km/h sur de courtes distances.

Texte : Camille La Caria